Domaine Jean Teiller

La vocation vigneronne est bien souvent une affaire de famille. Et le domaine Jean Teiller ne viendra pas prouver le contraire. Fondé par Denise et Jean Teiller sur les terres du père de Denise, Léon Millet, développé par Monique et Jean-jacques Teiller, il est aujourd’hui conduit par la dernière génération, Patricia et Olivier Luneau. Après s’être rencontrés sur les bancs du BTS viti-œno de Beaune, ils ont rejoint la tête du domaine en compagnie de Jean-Jacques, le père de Patricia, en 2003. Entre temps, Patricia et Olivier se forment auprès de véritables références du vignoble hexagonal. François Chidaine à Montlouis-sur-Loire et Jean-Louis Trapet à Gevrey-Chambertin pour elle. Thierry Matrot à Meursault pour lui. Puis la jeune femme obtient son diplôme national d’œnologie à Bordeaux et s’offre quelques expériences en Gironde. Elle y effectue notamment un stage chez Denis Dubourdieu au Château Reynon avant d’entreprendre une pige de quatre mois en Nouvelle-Zélande en compagnie d’Olivier. L’arrivée du couple au domaine n’a pourtant rien d’une promenade de santé. Les millésimes 2003 et 2004 sont difficiles. Ils décrètent malgré cela l’arrêt de l’usage de désherbants. Comme un symbole. L’image d’un duo bien décidé à apporter sa pierre à l’édifice familial. Au sein d’une organisation bien à eux, à l’intérieur de laquelle chacun sait trouver sa place. Afin de travailler comme ils s’aiment. Main dans la main.

18 hectares. 11 sur lesquels pousse du sauvignon blanc. 7 autres dédiés au pinot noir. C’est ainsi que se partage le domaine Jean Teiller. Issus de diverses parcelles argilo-calcaires, le vignoble bénéficie d’une réelle qualité de terroir. Plantées pour la plupart à flanc de coteau, les vieilles vignes du domaine s’expriment ici avec brio. Elles apportent une complexité singulière aux vins fabriqués par Patricia et Olivier. À la vigne, c’est principalement lui qui opère les évolutions décidées en duo. Après un passage en bio entamé en 2014 et certifié en 2017, le domaine s’achemine tranquillement vers des pratiques biodynamiques (1ère année de conversion en 2019 chez Biodyvin). Il travaille avec le calendrier lunaire. Expérimente l’application de décoctions et tisanes d’orties, de prêles, d’achillée millefeuille ou de camomille. De préparation 500 et 501. L’effort est également engagé dans le travail de sélection massale depuis toujours. Là où le grand-père de Patricia le réalisait sur les parcelles de “La Montaloise” ou des “Treilles”, le couple le met aujourd’hui en oeuvre sur les nouvelles plantations avec le célèbre pépiniériste Alsacien Hebinger à Eguisheim.

Si l’appellation Menetou-Salon ne cesse de progresser dans la production de vins au rapport qualité-prix remarquable, c’est en partie grâce au travail de personnes comme la famille Teiller. Travail à la vigne exemplaire. Pratiques biologiques et biodynamiques. Apport de la sélection massale dans la diversité du patrimoine de vieilles vignes du domaine. De ce labeur à la vigne résulte un potentiel de qualité des raisins indispensable à la fabrication de vins de qualité. Au chai – le terrain de jeu de Patricia -, on retrouve toujours le même soin prodigué. Ainsi, les fermentations sont quasiment menées avec la seule utilisation de levures indigènes, les jus sont peu soufrés, et les élevages en cuves – principalement – et en fûts peuvent aller jusqu’à 18 mois, comme pour la cuvée “Rencontre”. L’assemblage de chaque cuve n’est effectué qu’avant la mise en bouteille. Ces pratiques douces et respectueuses des jus donnent aux flacons du domaine un style pur, complexe et sans artifices. Déjà une vraie référence à Menetou-Salon, mais avec de l’avenir !