LOIRE – Lussault-sur-Loire
LA FEMME
Laura David a le regard lumineux de sa jeunesse. De surcroît, elle semble déjà avoir les épaules pour assumer sereinement son installation depuis mars 2017. Deux traits d’une personnalité attachante, originaire de Chinon, et désormais solidement installée sur les bords de Loire montlouisiens.
Janvier 2017. Une jeune femme est en train de tailler des vignes qui ne lui appartiendront vraiment que deux mois plus tard. Qu’importe, Laura David est d’un caractère généreux et fonceur. À choisir, mieux vaut ne pas perdre de temps et tout mettre en œuvre pour sortir un premier millésime digne de ce nom si l’affaire est conclue. Elle acquiert ainsi 7 hectares de vignes à Montlouis. À 25 ans seulement, la voilà propulsée à la tête d’un domaine. Dénomination qu’elle refuse cependant au profit du terme Laura David Vigneronne, avec lequel la jeune femme se sent plus à l’aise. Néanmoins, elle assume son travail. Fait ses premiers choix. Impose son style avec humilité et intègre rapidement la famille des artisans vigneron·ne·s montlouisiens. Pensait-elle à tout ça chaque matin avant de voir cette annonce « Îlot de sept hectares à louer à Montlouis » ? Pas vraiment. D’ailleurs, elle a déjà eu l’opportunité de reprendre le domaine de son arrière grand-père à Saint-Nicolas-de-Bourgueil. La jeune vigneronne n’a alors que 22 ans. Trop tôt. Déjà titulaire d’un Bac Pro Vigne et Vins en alternance à Bordeaux, elle a alors tout juste appris les rudiments du métier à Chinon, chez Clothilde Pain. Qu’elle rejoindra d’ailleurs à nouveau avant de reprendre le “domaine”, en 2016. Entre temps, elle aura suivi le cursus viti-œno de Montpellier et appris la rigueur à la vigne sous la coupe d’Aurélie Garcia-Bernard. Elle continuera d’ouvrir son monde au gré d’une année de voyage en Nouvelle-Zélande. Avant de revenir sur les terres ligériennes qu’elle ne se lasse plus de redécouvrir. Toujours en compagnie de Clément, son compagnon, qui la seconde précieusement depuis le début de l’aventure.
« J’ai toujours travaillé dans des domaines qui n’appliquaient pas les préceptes auxquels je crois. Finalement, ça m’a peut-être aidé. »
LE TERROIR
Les 7 hectares que compte le domaine sont majoritairement de sables à silex. Cette typicité de terroirs donne un caractère très soyeux à ses vins rouges, particulièrement réussis sur le millésime 2018. Elle participe également de la matière charnue des chenins et des Montlouis produits par la talentueuse Laura David.
Rendez-vous est donné sur les terroirs d’argile à silex de Saint-Martin-le-Beau. Par ailleurs, au domaine, ce sont les sables qui dominent. À gauche, une ancienne parcelle de chardonnay appartenant à Lise et Bertrand Jousset. Ils s’apprêtent à lui confier. À droite, les superbes chenins des « Poires Molles ». La jeune femme va également les récupérer. Après trois ans passés sur son vignoble, Laura David commence à avoir quelques repères. Elle voit de quelle manière les vignes réagissent aux différents épisodes météorologiques. Aux conditions climatiques très chaudes des derniers millésimes ligériens. Ainsi, la vigneronne adapte son travail et les soins qu’elle prodigue à ses sols. Introduit une sélection intra-parcellaire, en révélant la présence de quelques veines d’argiles ici. De quelques parties de roches calcaires là. Afin de prendre soin de ses vignes, elle est en train de convertir la totalité du domaine en bio. Encore deux ans avant de pouvoir revendiquer le label. Enfin, elle commence son apprentissage des pratiques biodynamiques, auxquelles elle voue un intérêt tout particulier. En revanche, elle travaille d’ores et déjà dans le sens de l’équilibre et de l’épanouissement de la vigne. Aussi, chaque hiver, l’éco-pâturage fait sa loi. Les quelques moutons d’un ami berger viennent « nettoyer » les parcelles de Laura David avant la reprise de la vigne au printemps.
« Les vins issus de pratiques biodynamiques ont souvent un supplément d’âme, une vibration particulière. »
LA FAÇON DE FAIRE LE VIN
Dans la lignée de nombreux artisans vigneron·ne·s, Laura David prône une vinification épurée. Où tout part d’une vendange à la qualité irréprochable. Triée à la vigne par une équipe habituée à l’exigence de la jeune vigneronne montlouisienne. Au chai, c’est avec talent, conviction et humilité qu’elle accompagne ses futurs vins.
La vinification est souvent œuvre de patience. De sensibilité et de convictions. À cet égard, là encore, Laura David semble posséder toutes les qualités requises. En témoignent ses superbes touraines 100% Côt 2018 pleins de charme. Mais également une production homogène de Montlouis très séduisants. De vrais vins de gastronomie. Pour arriver à ce résultat, les préceptes sont les suivants. Une récolte de qualité. Un tri important à la vigne, afin que les baies qui arrivent à l’intérieur du chai ne présentent aucun défaut. Ensuite, Laura David privilégie un pressurage doux et progressif afin de tirer un jus assez clair et limpide. En outre, toutes les fermentations sont réalisées en levures indigènes. Côté intervention, elle s’astreint à un très léger sulfitage à l’élevage par souci de protéger son futur vin des différentes bactéries. Tous les élevages ont lieu en cuves. Cela a pour effet de préserver l’aspect fruité des jus. Lorsqu’on lui demande quels sont les flacons qui l’inspirent, la jeune femme évoque tour à tour la précision et la justesse de vinification de la famille Alliet à Chinon. La finesse et la profondeur des riesling de Jacky et Maurice Barthelmé du Domaine Albert Mann. Ou encore les chenins produits par Tessa Laroche au Domaine aux Moines. Des exemples illustres qu’elle s’apprête à suivre avec brio, du haut de son troisième millésime. Un vent de fraîcheur sur Montlouis.
« Les plaisirs les plus simples sont souvent les passions les plus complexes. »