LANGUEDOC – Jonquières
L'HOMME
QUAND VINCENT GOUMARD DÉBARQUE EN LANGUEDOC, C’EST LE COUP DE CŒUR. LE SUD L’ENTHOUSIASME. LUI LAISSE RÉALISER UN VIEUX RÊVE. CELUI DU VIN. CAR SI CET ANCIEN CONSULTANT EN AUDIT NE CONNAÎT PAS LE MÉTIER, IL S’ACCROCHE. LE FAIT DEVENIR SIEN. À 30 ANS. UNE FOLLE AVENTURE QU’IL VIT À DEUX. AVEC ISABELLE. SON ÉPOUSE.
Nous sommes en 2002. Vincent Goumard quitte son cabinet de conseil. Vire à 180°. Reprend ses études. Curieux de tout, il se consacre d’abord à l’œnologie. À Dijon. Puis Viti/Vini, à Beaune. Deux ans plus tard, il visite le domaine de Jean-Pierre Jullien. Le Mas Cal Demoura. Une évidence. La famille Goumard fait l’acquisition du vignoble. S’installe à Jonquières. Où le Larzac dévoile toute sa fraîcheur. Et le Languedoc, sa chaleur. Au même moment, le couple achète aussi les vignes des Combariolles à Olivier Jullien, fils de l’ancien propriétaire. Leurs enfants sont jeunes. Quatre et deux ans. Mais tous les jours, ils se lèvent à 5h et 1/2. Mettent les mains dans la terre. Font leurs preuves. Prouvent à Olivier Jullien qu’ils sont des passionnés. Pas des investisseurs financiers. Entre les deux hommes, c’est très vite le début d’une grande amitié. D’une transmission. On a l’impression qu’ils sont frères. Même si chacun garde sa personnalité. L’exprime dans son vin. Parce que les grands vins ressemblent à ceux qui les font.
« La biodiversité des Combariolles. Les vignes cohabitent avec des oliviers.
Des arbousiers. Des amandiers. Des chênes. Des ronces. »
LE TERROIR
LES COMBARIOLLES. 10 HA D’UN SEUL TENANT. DONT 8HA DE VIGNES. SUR UN PLATEAU DE 200 000 ANS. AU CŒUR D’UN DOMAINE DE 14,5 HA. 16 SI L’ON COMPTE LES PLANTIERS. VINCENT GOUMARD PENSE PRÉSENT. ET FUTUR. EN MÊME TEMPS.
Syrah, carignan, grenache, chenin… Le Mas Cal Demoura compte 11 cépages. Cinq en rouge. Six en blancs. De grands raisins. Vincent Goumard les cultive sur des sols minéraux. Composés d’argile. De cailloutis qui s’étendent sur deux mètres de profondeur. Parfois quatre. Tous sont charriés par la rivière « Le Lagamas ». Et quand il pleut sur le terroir, le soleil méditerranéen se charge de tout faire sécher. La promesse d’une belle palette aromatique. Un cadeau. Que l’on se doit de préserver. Car pour Vincent Goumard, on est allés trop loin. On a épuisé les sols. Alors à sa mesure, il cherche à rétablir l’équilibre. Laisse la terre au repos. Longtemps. Vingt ans. Pour transmettre. La prépare naturellement. Reconstitue son vignoble par sélection massale. Plante des haies. Les arrose. Des plantiers. Les pioche. Avec attention. Convaincu que seuls de bons soins permettent aux terroirs de révéler toutes leurs richesses. De ces parcelles, le couple produit trois cuvées emblématiques. Il y a d’abord le rouge aux notes réglissées. Terre de Jonquières. Le vin historique du mas. Puis l’Etincelle, un blanc principalement composé de Chenin. Et enfin, l’étonnant Qu’es Aquo, un rosé de gastronomie à la palette complexe.
LA FAÇON DE FAIRE LE VIN
OBSERVÉ. TRIÉ À LA VIGNE PUIS SUR TABLE. AU MAS CAL DEMOURA, CHAQUE GRAIN EST UN JOYAU QUE L’ON VINIFIE POUR DONNER LE MEILLEUR. QUE L’ON ASSEMBLE AVEC PANACHE. QUITTE À FAIRE SORTIR CELUI QUI LE DÉGUSTE DE SA ZONE DE CONFORT. POUR QUE LE VIN RESTE CHARGÉ DE MYSTÈRE
Chez les Goumard, on est férus de biodynamie. Tout le domaine est d’ailleurs certifié bio depuis 2010. Et de la vigne à la bouteille, le travail se fait entièrement à la main. Parcelle par parcelle. Grappe après grappe. On trie à la vigne. À la table. On retire les grains secs. Les grains roses. Les escargots. Et on égrappe. Sans cesse. À la recherche d’une matière la plus saine possible. Ensuite, levures indigènes et élevage en foudre, en fût ou en cuve prennent le relais. Les formats. L’âge des barriques. Les types de fûts. Vincent et Isabelle Goumard adaptent tout à leurs parcelles. Attentivement. Et comme la nature a sa propre temporalité, ils laissent à leur raisin le temps qu’il faut pour macérer, réduire. Respectivement entre 14 et 25 ou 45 jours. En fonction du chapeau, vient ensuite le pigeage. Au pied ou à la main. Puis le remontage. Cinq minutes par jour, pour délier les tanins. Et enfin, l’assemblage. La recherche d’équilibre, de subtilité, de générosité. La signature du domaine.
« L’idée du foudre est de moins oxyder. Et d’avoir moins de contact avec le bois. C’est très adapté au grenache. »