LOIRE – La Possonnière
LE COUPLE
Les terres angevines de La Possonnière n’abritent plus que très peu de vignes. Pourtant, c’est ici qu’Alex et Éric Dubois ont choisi de s’installer fin 2017. Au domaine La Franchaie, à quelques kilomètres à l’ouest de Savennières, le couple a trouvé un lieu où poser ses valises. Un nouveau terrain de jeu viticole un peu baroque et bourré de charme. Dont les vins témoignent avec élégance !
Lorsque qu’Alex et Éric Dubois décident de s’installer à La Franchaie fin 2017, ils voyagent en roulotte depuis déjà plusieurs mois. Avec tous leurs animaux, en famille. À la recherche d’un nouveau lieu à investir, ils ont décidé de poser le regard ailleurs. Partout et sans idée préconçue. Paradoxalement, ce qu’ils étaient partis chercher loin, c’est à une heure à peine de leur ancienne vie qu’ils le trouvent. Sur les terres plus reculées de la Possonnière, tout est là. Assez d’espace pour leurs chevaux, d’abord. Un nouveau terroir à apprivoiser aussi. Une maison à reconstruire lorsque la vigne laisse au couple le temps de poursuivre les travaux. Avant La Franchaie, Éric officiait au Clos Cristal, le célèbre vignoble appartenant à l’Hôpital de Saumur. Une aventure entamée presque 25 ans auparavant, au cours de laquelle il a véritablement appris ce métier. L’homme ne se prédestinait pas nécessairement à cela, bien qu’issu d’une famille de vignerons saumurois. Alex, elle, vient au vin avec Éric. Ancienne modiste, la jeune femme normande rejoint les rangs du Clos Cristal en 2005. Elle apprend la vigne, se forme au travail avec les chevaux et se passionne pour ce métier. D’ailleurs, alors qu’Éric a parfois paru tenté de poursuivre une autre carrière après la fin du Clos Cristal, c’est sûrement à Alex que l’on doit cette installation à La Franchaie. À son désir de continuer ce métier de vigneronne. Sous l’œil bienveillant d’Olio, leur adorable et impressionnant cane corso de 57 kilos.
« Ici, tout est différent du Clos Cristal. Il faut tout réapprendre. C’est cette fraîcheur qui nous plaît. »
LE TERROIR
La Franchaie. Il règne sur les 5,5 hectares du domaine un charme venu tout droit de l’univers du western. Sûrement l’atmosphère de ces terroirs de la Possonnière délaissés par la vigne, dans l’ombre du célèbre Savennières. Les couleurs d’un paysage un peu désuet qui vous capte immédiatement. Une autre vision de l’Anjou. Un lieu unique dont Alex et Éric Dubois ont fait leur fief.
5,5 hectares. Loin des calcaires et des sables de Saumur, c’est sur des schistes limoneux que s’étend le vignoble d’Alex et Éric Dubois. Ici, pas moins de cinq cépages s’épanouissent et forment un attelage unique. Le cabernet franc en premier lieu, sur un peu moins de la moitié de la surface du domaine La Franchaie. Aussi, il donne naissance à la cuvée Cab’Haut, dont l’élégance et le fruit régalent. Autre cépage dominant sur ces terres angevines, le chenin. Il occupe ainsi près d’un hectare et demi, et est à l’origine des cuvées Lapin Blanc et Séraphin, dont l’expression à la fois exotique et salivante se distingue avec un naturel confondant. En plus petite proportion, le cabernet sauvignon donne ici de petites baies concentrées et mûres, notamment sur le terroir très chaud de Bachelot. D’ailleurs, Alex et Éric Dubois nous apprennent que la typicité de ce sol est née d’une pratique rare. En effet, ces pierres de basalte qui jonchent chaque rang ne sont pas arrivées ici naturellement. Venues des chemins de fer environnants, elles ont été ajoutées par un ancien propriétaire, et confèrent à ce lieu une chaleur unique ! Deux autres parcelles de 20 ares chacune, respectivement plantées de gamay et de grolleau, viennent compléter l’encépagement. Fort de ce patrimoine de vignes, le couple mène une viticulture biologique de premier ordre. En outre, le travail des sols est naturellement réalisé par Ramsès, Octave et Urga, leurs trois magnifiques comtois.
« Sur les schistes, les aléas climatiques prennent une dimension particulière. Il n’y a jamais d’année généreuse. »
LA FAÇON DE FAIRE LE VIN
À l’image du lieu qu’ils ont choisi pour poursuivre leur aventure vigneronne, Alex et Éric Dubois élaborent des vins uniques. Et pour cause, les bouteilles de La Franchaie portent en elles le charme de l’ancien. La fraîcheur désaltérante du renouveau. Et la classe qu’inspirent les parcours et les vies libres, loin des codes. Hors des sentiers battus.
Apprivoiser un terroir, une vigne, prend généralement du temps. Observer la façon dont les vins réagissent à l’intérieur d’un nouveau chai aussi. Après 21 ans passés au Clos Cristal, où Alex et Éric Dubois s’étaient forgés une solide réputation, le couple goûte aujourd’hui au plaisir de réapprendre. Et pour cause, à La Franchaie, tout est bien différent de ce qu’ils ont connu. Tout est neuf, à réaliser et à expérimenter. La façon de faire le vin n’échappe pas à la règle. De ces cinq cépages dont les maturités diffèrent largement sur les schistes limoneux du domaine, le couple parvient à tirer profit. Notamment dans les assemblages des vins rouges, comme pour la cuvée Volatiles, où l’accent est mis sur la fraîcheur. En termes de vinification, aucun a priori. Pour autant, l’expérience ramène ici à des pratiques les plus naturelles et artisanales possibles. Sans soufre. Dans le calme du chai où vous trouverez pêle-mêle deux vieilles calèches, des harnais, des cuves, quelques barriques et jarres en terre cuite. D’ailleurs, ce sont ces dernières qui contiennent les magnifiques chenin de la cuvée Séraphin. Qui lui apportent ce grain si particulier. Tout semble aller ainsi au domaine La Franchaie. Où l’ancien est chaque fois empreint d’une forme de jeunesse, jusque sur les étiquettes qui habillent les bouteilles. Réalisées à partir des peintures d’Alex, elles soulignent aussi le rapport du couple à l’art. À la création. À ce pont entre passé et futur qu’ils semblent sans cesse franchir avec jubilation. Un peu comme nous à la dégustation de leurs vins uniques !
« Je n’ai pas d’a priori absolu. Ni sur le soufre, ni sur le reste. »
« Le vin, c’est un travail d’équipe. Il n’y a pas de vin sans équipe. »