LANGUEDOC – Arzens
L'HOMME
LES TERRES SUR LESQUELLES IL CULTIVE AUJOURD’HUI SES FRUITS, FRÉDÉRIC PALACIOS Y A GRANDI. IL Y A ENRACINÉ SES VALEURS. FAIT MÛRIR SA PHILOSOPHIE. CELLE D’UNE NATURE ENVOÛTANTE DANS LAQUELLE L’HOMME DOIT TROUVER SA PLACE. ENTRE HUMILITÉ ET MODESTIE.
Frédéric Palacios se plaît à le dire, il n’est pas né dans une feuille de chou… Mais au creux d’une vigne. Au plus proche de la nature. Au cœur de l’Occitanie. Enfant, il voit son grand-père et son père à l’œuvre. Le premier cultive les vignes à Arzens. Le second est coopérateur. Pourtant, dans le mas qu’il construit de ses mains, le père de Frédéric n’installe jamais aucune cuve. Pour cela, il faudra attendre plus de vingt ans. Le temps de maturation de son fils. Pour ce dernier, le chemin est long. Plein d’apprentissages. Au sortir de ses études secondaires, le jeune homme s’oriente en BTS protection des cultures. La chimie y est reine. Elle formate les esprits. Pourtant, celui de Frédéric résiste. Lui, ce en quoi il croit, c’est le bio. Parce qu’il sait le pouvoir des éléments. Et reconnaît leurs forces. La fraîcheur qu’autorise l’air. Les arômes qu’apporte feu. Le terroir que façonne la terre. La buvalibilité que permet l’eau. Au milieu de tout cela, l’homme est tout petit. Il doit veiller à l’équilibre. Porté par cette philosophie, Frédéric commence à travailler. Dans une cave coopérative du minervois d’abord. Puis dans le Saint-Chinian. Mais le jeune homme ne s’épanouit pas. Les vins de Marcel Richaud ou encore Jean-Baptiste Sénat sont pour lui un déclic. C’est cette qualité qu’il veut produire à son tour. Quand son père l’invite à venir vinifier sur ses terres, Frédéric accepte. Nous sommes en 2005. Il faut alors trouver un nom au domaine. Ce sera Le Mas de mon Père. Évidemment.
« J’ai pénétré le vin par mon grand-père et par mon père »
LE TERROIR
LA MALEPÈRE, C’EST L’APPELLATION LA PLUS OCCIDENTALE DU LANGUEDOC. L’UNE DES PLUS JEUNES AUSSI. TOUT Y EST À INVENTER. OU PRESQUE. C’EST ICI QUE FRÉDÉRIC PALACIOS Y A SEPT DE SES HUIT PARCELLES. À ARZENS. ET UNE À SAINT-CHINIAN. CINQ HECTARES ET DEMI AU TOTAL SUR LESQUELS IL PEUT S’EXPRIMER LIBREMENT.
Tantôt en coteaux. Tantôt en terrasses. Les parcelles de Frédéric culminent entre 200 et 435 mètres d’altitude. Il n’est pas rare d’y croiser un groupe de biches. D’y observer la biodiversité parmi les massifs. Classé Natura 2000, le site est un havre de paix. Du haut de ces hauteurs argilo-calcaires faites de grès et de poudingues, le Limoux se laisse dévoiler au sud. La montagne noire et le Cabardès au nord. Le Minervois au nord-ouest et les Corbières à l’ouest. Un enchantement. Mais ce terroir aux accents océaniques et méditerranéens, il faut de la patience pour l’appréhender. Dix ans selon Frédéric Palacios. Un temps long nécessaire pour découvrir qu’il n’y a pas une seule vérité. Pour alterner entre une observation micro et macro. Et converser avec la nature. L’eau, par exemple. Pour le vigneron, celle qui constitue à 90 % le vin a beaucoup à nous apprendre. Parce qu’elle retient les informations des trois autres éléments. Les communique au vin. Pourvu qu’elle vienne d’un puits. Qu’elle se soit chargée de la matière autour. Ce n’est pas de la magie. C’est la vie qui opère. Et de vitalité, les nectars de Frédéric Palacios n’en manquent pas. De salinité non plus. Cadeau du terroir.
« Il faut au moins 10 ans pour comprendre son terroir »
LA FAÇON DE FAIRE LE VIN
FERVENT DÉFENSEUR DE LA BIODYNAMIE, FRÉDÉRIC EST PEU INTERVENTIONNISTE. CHEZ LUI, POINT D’INTRANT. MAIS DE L’INVESTISSEMENT. BEAUCOUP. TAILLER. ATTACHER. VENDANGER. DANS SON VIGNOBLE, L’HOMME FAIT TOUT.
Au Mas de mon Père, les raisins sont récoltés à la main. Patiemment. Un à un. Caissette après caissette. Frédéric les place ensuite directement dans des cuves en inox. Il les répartit en fonction des cépages. Des parcelles. Toujours en grappes entières. Une façon d’obtenir des nectars de caractère. Entiers. Ronds comme il sait les produire. Démarre ensuite la macération carbonique. Après une quinzaine de jours de ce traitement, les fruits sont pressés. Enchaîne alors la fermentation alcoolique. Puis la malo-lactique. À l’exception du blanc qui fermente en barrique, les jus de Frédéric restent placés en cuve. De ce travail d’exception naissent cinq cuvées. Il y a d’abord la « M comme je suis ». Le seul vin en appellation Malepère. Pour le vigneron, ce « M » évoque tour à tour le merlot. Le malbec. La Malepère. Le Mas de mon Père… Et Matthieu Chédid ! Avec « C comme ça », l’hommage est tout autre. Dédié aux Rita Mitsouko. Au « C » de carignan. Ce nectar est en effet conçu à 100 % avec les vignes centenaires de carignan. Bien sûr, il y a aussi « Cause toujours ». « Tu m’intéresses ». Et « Quitte ou double ». Le blanc. Élaboré avec 60 % de chasan. En macération carbonique. Autant de vins que Frédéric Palacios s’emploie à rendre de plus en plus digestes. Naturels. Reliés à la terre qui les a fait naître.
« On est au confluent des vins océaniques et des vins méditerranéens. »
« Je m’attache à faire des vins de plus en plus digestes »