RHÔNE SEPTENTRIONAL – Tain-l’Hermitage
LES HOMMES
CE NOM SUFFIT À FAIRE BRILLER LES YEUX DES CONNAISSEURS. DOMAINE MARC SORREL. CRÉÉ EN 1928 SUR DES TERRES D’EXCEPTION. IL A VU SE SUCCÉDER LES GÉNÉRATIONS. AINSI, CHACUNE A APPRIVOISÉ LES FRUITS D’UNE APPELLATION HORS DU COMMUN. L’HERMITAGE. UN TRÉSOR QUE MARC A HONORÉ DEPUIS 34 ANS. ET QU’IL A TRANSMIS À SON FILS GUILLAUME EN 2019.
C’est Félix, le grand-père de Marc, qui la crée. L’exploitation Sorrel se contente au départ de vendre du raisin. Rapidement, son fils Henri prend sa suite. Il est notaire de profession, comme son père. Aussi, jusqu’au début des années 50, il ne fait affaire qu’avec les négociants, comme son père. Au même moment, les premières vignes du Méal sont plantées. 93 % de syrah. 7 % de marsanne. Le tout en complantation. Il faudra encore attendre deux décennies pour que débute sur place la mise en bouteille. Le processus de transformation est en marche. Mais il prend son temps. Et l’arrivée de Marc comme vigneron en 1984 sonne un tournant. Il hérite des deux hectares plantés par ses ancêtres. En outre, il en acquiert un demi pour étendre le domaine. Sur les Greffieux, dans la continuité du Méal, et sur les Bessards. Passionné convaincu, il décide de ne plus se séparer d’un grain de raisin et de vinifier l’intégralité de son domaine. Il rejoint ainsi la famille des grands vignerons et des grandes maisons de la célèbre colline. Les Chapoutier, Paul Jaboulet Aîné, Cave de Tain l’Hermitage, Jean-Louis Chave, Maison Delas. Et se plonge dans cette appellation reine. Celle de l’Hermitage. La préférée, dit-on, de Louis XIV. De Thomas Jefferson. Ou encore des tsars de Russie. Et à force de patience et de détermination, la gamme se développe. Un peu plus au Nord. En crozes-hermitage. Sur la commune de Larnage. Où il travaille 1,5 ha avec la même abnégation. Cette passion qui l’anime, Marc Sorrel l’a bien transmise à son fils, Guillaume. Diplomé d’un BTS œnologie à Beaune en 1999, le jeune homme fait ses armes et développe le domaine Les Alexandrins en association avec la maison Perrin à partir de 2009. En 2019, Marc lui confie de perpétuer la tradition viticole familiale dont il incarne la 4 ème génération. Avec talent !
LE TERROIR
SI LES SOLS DE L’HERMITAGE SONT SI RICHES, C’EST PARCE QU’ILS S’ASSOIENT SUR UN HÉRITAGE SINGULIER. LES TRACES D’UNE HISTOIRE UNIQUE. ANTIQUE. ROMANTIQUE. CONTEMPORAINE AUSSI. À TRAVERS LES ÂGES, ILS ONT REÇU LE SOLEIL ET LA PLUIE. ILS SE SONT CONSTRUITS PATIEMMENT. POUR LIVRER DES VINS D’EXCELLENCE.
Bien connues des amateurs de vin, les appellations de crozes-hermitage et de l’hermitage sont enviées par le monde entier. Plus confidentielle, cette dernière fait valoir à peine 137 hectares, que se partagent une quinzaine de propriétaires. En outre, elle se distingue par ses nombreux grands terroirs. Autant de signatures qui constituent ce patrimoine viticole unique. Au Domaine Marc Sorrel, la parcelle la plus vaste est celle du Méal. Sur 1 hectare, Guillaume Sorrel dispose ici d’une exposition idéale, à mi-coteau. Le sol y est profond et fait de cailloutis argilo-calcaires. De sable. Une bénédiction pour les rouges comme pour les blancs. Dans son prolongement, la célèbre parcelle des Greffieux. Le jeune vigneron y exploite la marsanne, qu’il réserve à son hermitage blanc classique. Aussi, il y cultive la syrah, qu’il assemblera avec les raisins du Méal. Un mariage nommé symboliquement « Gréal ». Ce sol argilo-limoneux, on le retrouve également sur les Plantiers, minuscule parcelle au sud de l’appellation. Par ailleurs, sur la zone calcaire des Rocoules, des vignes de 60 ans de marsanne et de roussane sont à l’origine d’un des plus grands vins blancs du Rhône. Enfin, pour trouver un terroir granitique, il faut pousser plus à l’ouest, jusqu’aux Bessards. Ici, le spectacle est total. Ce terrain accidenté est soutenu par de nombreux murets en pierre sèche, comme autant de cadeaux construits et laissés là par les anciens. Sous l’impulsion de Guillaume, entre autres évolutions décidées depuis son arrivée, l’intégralité des sols du Domaine Marc Sorrel sera bientôt travaillée au cheval ou au treuil. Dans le plus grand respect du terroir, d’ailleurs conduit en conversion bio non labellisée. Pour le meilleur.
LA FAÇON DE FAIRE LE VIN
EXPOSÉS AU SUD ET PROTÉGÉS DES VENTS FROIDS, LES RAISINS DU DOMAINE MARC SORREL BÉNÉFICIENT DU MEILLEUR ENSOLEILLEMENT QUI SOIT. ARRIVÉS À JUSTE MATURITÉ, ILS SONT RÉCOLTÉS À LA MAIN, PUIS VINIFIÉS PATIEMMENT. AINSI, ILS DÉLIVRENT TOUTE LEUR SUBTILITÉ. TOUT LEUR POTENTIEL. ET TOUTE LA PERSONNALITÉ DES VINS D’ICI.
Une fois les vendanges réalisées, Guillaume égrappe partiellement les raisins destinés à l’élaboration des vins rouges. Sauf pour le Gréal, vinifié en vendange entière depuis le millésime 2012 au Domaine Marc Sorrel. Par la suite, les baies sont foulées. Remontées. Pigées. Un cérémonial qu’il opère deux fois par jour, et qui permet d’oxygéner les levures. Une somme de geste fondamentaux pour définir la typicité des futurs vins. Aussi, après trois semaines de cuvaison, les élevages se font naturellement en fûts. Mais jamais neufs, afin de ne pas « marquer » le vin. Question d’équilibre. Ainsi, du crozes-hermitage à l’hermitage, l’élevage dure entre 18 et 20 mois. Un temps long et nécessaire. Pour le blanc, le pressurage est direct. Puis vient le débourbage, pour séparer les jus des matières en suspension. Pendant 48 h. L’expression aromatique des vins de Marc Sorrel et aujourd’hui de Guillaume commence ici. Enfin, les nectars en devenir passeront par la phase de fermentation alcoolique et malolactique dans des fûts pendant six à huit mois. Là non plus, aucun fûts neufs. Une marque de respect que le vigneron observe vis-à-vis des nobles terroirs qui sont les siens. Des sols uniques à l’origine de la célèbre cuvée Gréal en rouge. Rocoules en blanc. Et de deux cuvées en crozes-hermitage. C’est ainsi que naissent les quelques 16 000 bouteilles du Domaine Marc Sorrel. Et quelles bouteilles ! Des flacons chargées d’histoire. De savoir-faire. De transmission et d’amour. Une œuvre que le temps poursuivra d’achever afin de laisser ces grands vins s’épanouir. Jusqu’au sommet de l’Hermitage.