RHÔNE SEPTENTRIONAL – Cheminas
L'HOMME
ARDÉCHOIS D’ADOPTION, SYLVAIN GAUTHIER N’A PAS TOUJOURS VÉCU À CHEMINAS. C’EST EN MOSELLE QU’IL A GRANDI. UNE RÉGION OÙ IL A PRIS GOÛT À L’APPLICATION. UNE QUALITÉ QU’IL S’INGÉNIE AUJOURD’HUI À MOBILISER. POUR PROPOSER DES VINS AUSSI PRÉCIS QUE GÉNÉREUX.
Dans sa jeunesse, Sylvain Gauthier voit son père créer un domaine viticole. Y mener une culture raisonnée. L’inspirer. Alors quand vient le moment de faire ses choix, c’est naturellement qu’il se tourne vers la viticulture. L’œnologie. À Mâcon d’abord. Puis à Beaune. Et à Tournon-sur-Rhône. Un petit village d’Ardèche qui le voit faire ses premiers pas dans le vignoble. Celui de la maison Chapoutier précisément. Plus tard, Sylvain rejoint Stéphane Robert au domaine de Tunnel. En 2003, il y travaille à l’année. Puis sur les vinifications les trois années suivantes. En parallèle, il plante sa première vigne de Saint-Joseph. Voit les choses s’accélérer. Il est encore jeune mais quand se présente l’opportunité de reprendre 0,5 ha, il accepte. Avec l’application et la méthode héritées de la culture mosellane, il bâtit son exploitation. Et lui cherche un nom. Ce sera le domaine des Pierres Sèches. Comme un clin d’œil aux murs que l’on retrouve dans les coteaux de Saint-Joseph. Un nom qu’il étrenne en 2007. Issue des vignes vieilles de 50 ans et gorgées du soleil du sud, sa première cuvée se fait remarquer. Lui donne une belle matière pour donner le ton. Démontrer son talent. Un talent qui n’en finit plus de s’épanouir. Tandis que le vigneron célèbre son dixième millésime. À 35 ans seulement.
« EN 2006, j’ai récupéré un demi hectare de vignes de 50 ans. En SAINT-JOSEPH ROUGE. Cela m’a permis de sortir un joli produit dès le départ. »
LE TERROIR
ÉTABLIE À CHEMINAS DEPUIS 2009, LA CAVE DE SYLVAIN EST BIEN ENTOURÉE. LE VIGNOBLE DU DOMAINE S’ÉPANOUIT EN EFFET À QUINZE KILOMÈTRES À LA RONDE. SUR NEUF PARCELLES. AUTANT DE TERROIRS À APPRIVOISER. À ARRAS-SUR-RHÔNE. SAINT-JEAN-DE-MUZOLS. SARRAS. SÉCHERAS. OZON. VION.
Si Sylvain Gauthier aime tant la nature, c’est qu’il a ça dans les veines. Grâce à son père. Vigneron de profession. Qui a ouvert la voie à une approche prévenante. Douce. Une philosophie qu’il a fait devenir sienne. Et qu’il partage avec son frère, Rémi. Vigneron comme lui. Mais en Moselle. Sur le domaine des Pierres Sèches, Sylvain valorise ainsi l’agriculture raisonnée. Après avoir privilégié le foncier. Les outils de travail. Il se sent prêt à passer à la prochaine étape. La conversion en bio. Revenir à l’essentiel. La vigne. Les terroirs. Parce qu’il a commencé en plantant lui-même ses ceps, il sait ce que l’Ardèche a à lui offrir. Alors il jardine. Travaille les sols. Permet à ses vignes de respirer en plantant 7 500 pieds à l’hectare. Taille en gobelets. Méticuleux, Sylvain Gauthier laisse toujours trois cornes, trois coursons et deux bourgeons. Pour arriver à six rames. Et obtenir deux raisins par rames. Rien n’est laissé au hasard. Chemin faisant, il continue à étendre peu à peu le domaine. Son objectif ? 10 ha à l’horizon 2025. Entre 2010 et 2015, il est déjà passé de 1 à 5 ha. Par le biais de locations. Mais également d’acquisitions. De plantations. De la syrah pour les rouges. De la roussanne pour les blancs. Un choix que le vigneron justifie par l’envie de se démarquer. De proposer des vins blancs avec plus d’acidité. Plus de tension. Seule exception, la petite parcelle sur Saint-Jean-de-Muzols. La plus vieille du domaine. Plantée en syrah et en marsanne. Des vignes de plus de 80 ans. Qui entrent dans la composition de la cuvée Sainte-Épine. Dense et toute en finesse. À l’image du travail de Sylvain.
« J’AI FAIT LE CHOIX DE NE PLANTER QUE DE LA ROUSSANNE EN BLANC. CELA DONNE DES VINS AVEC DE LA TENSION ET DE LA FRAÎCHEUR. »
LA FAÇON DE FAIRE LE VIN
UNE FOIS CUEILLIS À LA MAIN, LES RAISINS PASSENT AU CHAI. DIRECTION CHEMINAS. EN ATTENDANT LA FINALISATION D’UNE NOUVELLE CAVE. QUE SYLVAIN GAUTHIER ESPÈRE VOIR PRÊTE POUR LE MILLÉSIME 2020.
Au domaine des Pierres Sèches, les vinifications se font en cuves inox de 18 hl. Des petits volumes. Qui facilitent le travail. Selon les cuvées, la fermentation alcoolique s’étend entre quinze jours et un mois. Grâce aux levures indigènes. Sylvain Gauthier soufre très peu ses jus. Mais laisse quelques rafles en fonction du millésime. Curieux, il fait parfois des tests. Comme pour sa dernière cuvée en IGP. Pour laquelle il a laissé la grappe entière. Sans ajouter de sulfite. Il réfléchit parfois à proposer une gamme sans soufre et non filtrée. Comme ce fut le cas avec le millésime 2013. Qu’il réserverait aux lieux de dégustation uniquement. Où les bouteilles s’écoulent rapidement. Ensuite, les rouges sont élevés par parcelle. 12 à 18 mois. D’abord en fûts de plusieurs vins. Puis six mois en cuve. Pour les assemblages. Après un an et demi d’élevage, les vins sont en place. Prêts à être soutirés. Et filtrés avec souplesse. Pour redresser les nectars qui le nécessitent. Sans les brusquer. Mais jamais l’hiver. La saison est peu propice aux manipulations. Sylvain préfère donc reprendre l’opération au printemps. Pour les blancs, tout commence avec le pressurage. L’entonnage. S’en suit l’élevage. Sur lies. Toujours. Évidemment. Six mois durant. La malolactique n’ayant pas cours, les vins sont filtrés. Et ce que Sylvain perd en gras et en aromatique, il le regagne ensuite. Pour livrer des vins tantôt frais. Tantôt intenses. Toujours de belles surprises.