BUGEY – Crept
LA FAMILLE
À l’origine de la Maison Bonnard, deux frères. Roland et Frédéric. Rejoints depuis par le fils et la fille de ce dernier, Romain et Anne-Sophie. Aussi, depuis le début, c’est en famille que ce domaine attachant s’est construit. Sur les hauteurs de Crept. Cette histoire étroitement liée à l’évolution des vins du Bugey, ces quatre-là continuent de l’écrire aujourd’hui. Toujours avec énergie, personnalité et passion.
Nous sommes en 1988. Sur ces terres du Bugey où leurs parents pratiquent la polyculture, Frédéric et Roland ne se posent pas de questions au moment de reprendre un hectare de vignes. Ainsi débute l’aventure de la Maison Bonnard. Avec ce grain d’insouciance qui permet de réaliser beaucoup de choses. Et l’envie de faire des vins de terroirs, de plaisir et d’identité. D’instinct, Roland trouve son épanouissement dans la vigne. Sur les terroirs pentus de Crept. Entre les rangs de mondeuse. Frédéric, lui, s’évertue à mettre son énergie débordante au développement du domaine, à l’intérieur du chai comme à la mise en place de réseaux commerciaux. Et pour cause, les vins de Bugey sont encore méconnus. Depuis, le domaine n’a cessé d’évoluer. Sous l’impulsion du tandem, bien sûr. Avec le retour de Romain, aussi. Revenu au bercail après deux ans passés à Vergisson, au Domaine Barraud. Mais également d’un an chez l’ami de toujours de Frédéric, Sylvain Fadat, au Domaine d’Aupilhac et de quelques mois en Amérique du Sud. Passionné depuis tout petit, ce jeune homme plein d’entrain n’en est pas moins « carré » et extrêmement méticuleux. Il navigue ainsi entre la vigne et le chai. Enfin, à l’image de cette jeunesse qui semble continuer sans cesse de sévir chez Maison Bonnard, la cadette, Anne-Sophie, s’apprête à prendre part à plein temps à la vie du domaine. Elle qui remplit déjà de nombreuses tâches commerciales et de communication en famille continue d’apprendre son métier et multiplie les expériences. C’est ainsi qu’elle vient d’enchaîner les stages à Pupillin, au Cellier Saint Benoît et sur les terres basques d’Irouléguy au célèbre Domaine Arretxea.
« On peut dire qu’on a démarré avec une feuille blanche. »
LE TERROIR
Loin de tout, le vignoble du Bugey se niche là, face aux contreforts du Jura. À mi-chemin entre le Rhône et la Savoie. Ici, sur les 16 hectares que la Maison Bonnard conduit en bio, ce sont 5 cépages qui s’expriment avec une typicité et un relief remarquables. À l’image de ces pentes impressionnantes, qui ne sont pas sans rappeler celles du vignoble rhodanien voisin.
Au cœur des 550 hectares de l’appellation Bugey, le vignoble sur lequel la Maison Bonnard s’épanouit s’étend sur 16 hectares. Répartis en 3 îlots. D’une part, 10 hectares d’un seul tenant sur le secteur du Crept. Là où les sols drainants et très caillouteux de gravettes fines donnent aux mondeuses du domaine leur caractère inimitable. Par ailleurs, ce cépage emblématique de la région bénéficie également d’une exposition et d’une ventilation idéale. Autre secteur, le lieu-dit Romananche, 3 hectares plantés de pinot noir et de chardonnay. Un terroir calcaire aussi, bien que plus argileux, qui convient parfaitement aux besoins de ces cépages plus délicats. En outre, quelques galets roulés sur argilo-calcaires accueillent gamay et chardonnay. Enfin, 3 hectares d’argiles plus profondes, sur lesquelles l’altesse donne de magnifiques résultats. À la vigne, le travail est rendu extrêmement délicat du fait de ces pentes allant de 30% à 70%. Aussi, de nombreux travaux sont réalisés au chenillard, qui offre plus de sécurité que le tracteur. De surcroît, tout ce patrimoine végétal est conduit en agriculture biologique certifiée. Les préceptes biodynamiques sont également appliqués. Dans le même esprit de “bon sens paysan” que le travail réalisé en fonction du calendrier lunaire. Simplement parce qu’à leurs yeux, ça marche. D’ailleurs, Frédéric constate plus d’énergie et de minéralité dans les vins depuis ce virage.
« Il m’a fallu au moins 10 ans pour planter et comprendre le vignoble. »
LA FAÇON DE FAIRE LE VIN
Bien que méconnu, le potentiel des vins de Bugey ne se dément pas. Encore moins après avoir goûté de vieux millésimes sur la grande table en bois, avec vue imprenable sur la vallée de Montagnieu. Devenue au fil des millésimes une véritable institution, la Maison Bonnard œuvre à la confection de vins d’identité. De plaisir, aussi, beaucoup. Et sacrément communicatif.
C’est là, sur les hauteurs vertigineuses de Crept, que les vins élaborés par la Maison Bonnard prennent toute leur dimension. Lorsqu’on les découvre à la vue de ce paysage unique. Au gré des anecdotes distillées par Anne-Sophie et Romain. Des mésaventures insouciantes racontées frénétiquement par Frédéric et Roland. Oui, c’est ici que les vins d’excellence du Bugey expriment tout leur potentiel. Ainsi, il est possible de mesurer tout le travail qu’implique le métier de vigneron sur ces terroirs pentus, très calcaires. Pourtant, en compagnie de la famille Bonnard, tout ce labeur vous paraîtrait presque simple ! Ce serait bien sûr oublier tout le travail et le soin qu’ils mettent en œuvre, en amont de la cave, pour produire de telles bouteilles. Outre des vendanges manuelles, la Maison Bonnard recourt à des vinifications les plus douces et respectueuses du fruit possible. Les quantités de soufre sont faibles. Il en résulte des vins rouges au potentiel de garde impressionnant, comme la fameuse Mondeuse de Montagnieu ou le Pinot Noir “Romananche” 2019. D’autres, tout en gourmandise, à apprécier “sur le fruit” comme le Gamay Les Arcs. Des effervescents haut de gamme, aussi, élevés 3 ans et élaborés en méthode traditionnelle – à la champenoise – à base de chardonnay et d’altesse. En outre, les blancs ne sont pas en reste et offrent des expressions d’altesse et de chardonnay fruitées et beurrées, à l’image du Chardonnay “Romananche” 2018. Chez Maison Bonnard, la qualité des vins du domaine vient de loin. De l’énergie de deux frères qui semble s’être transmise naturellement à la dernière génération. Et du plaisir qu’ils ont de travailler tous ensemble, avec la même philosophie.
« L’année prochaine, on plante du poulsard ! »