Des coteaux de la Malepère aux terrasses du Larzac, des schistes de Faugères aux terres de Cabardès, le Languedoc connaît depuis une quinzaine d’années un bouleversement profond. Loin des vins de coopératives dictés par le volume et le taux d’alcool, une nouvelle vague semble avoir pris le pouvoir. Un mouvement global privilégiant les vins de lieux issus d’un travail respectueux de la nature. Au travers de 7 flacons d’artisans vignerons qui comptent, découvrez toute la richesse des terroirs languedociens et l’histoire récente de ce vignoble d’excellence.
LES PRÉCURSEURS
Si le Languedoc regorge aujourd’hui de vins singuliers haut de gamme, c’est avant tout grâce à l’intuition et au travail de quelques vignerons précurseurs. À l’instar de d’Olivier Jullien sur les superbes terroirs de Jonquières, de Désirée et Sylvain Fadat au Domaine D’Aupilhac ou de l’unique Marlène Soria au domaine Peyre Rose, le célèbre – bien que discret – Laurent Vaillé fait figure de phare. Au domaine de La Grange des Pères, ce vigneron hors-norme incarne l’excellence languedocienne, en toute liberté, dans le sillage du domaine Daumas-Gassac avant lui. Il produit, dès ses débuts en 1992, des vins hors appellation, bien qu’il se trouve sur la très dynamique appellation des Terrasses du Larzac. 11 ha sur des parcelles d’altitude dans un océan de galets du massif de l’Arboussas. Chaque année, 2 vins sortent du chai. Un rouge, un blanc. Le potentiel est immense, à l’image de ce Grange des Pères rouge 2016, dont le charme soyeux aux accents d’orange sanguine et de garrigue opère déjà. Plus discrète encore, Catherine Roque est aussi une source d’inspiration pour beaucoup. Sur les terroirs schisteux de Faugères, elle conduit le Mas d’Alezon depuis 1997 avec brio. En biodynamie certifiée. La cuvée Montfalette 2019 démontre une nouvelle fois toutes ses qualités. Un flacon de belle garde qui offre une matière à la fois dense, fraîche et épicée.
« Un accord mets et vins ? Une entrecôte au romarin et poivre de Kampot. » – Catherine Roque –
LES NOUVELLES RÉFÉRENCES
Parmi les nouvelles références du renouveau languedocien, beaucoup ont appris aux côtés des artisans vignerons cités plus haut. Lorsque ce n’est pas directement le cas, le simple fait d’avoir prouvé qu’il était possible d’élaborer des flacons de très haut niveau sur ces terroirs a également participé d’une forme d’inspiration. Là où leurs aînés cultivaient des raisins destinés à être vinifiés par la coopérative voisine, eux ont décidé de faire leur propre vin. Exemple à plus d’un titre de ce mouvement d’ampleur, nous pourrions citer le très talentueux Pierre Vaïsse, proche de Laurent Vaillé, dont la superbe cuvée l’Aphyllante 2015 commence à livrer tout son potentiel. Tel que son velouté et sa fraîcheur font d’ores et déjà merveille. Autre vigneron dont la réussite impressionne, Vincent Goumard. À la tête du Mas Cal Demoura, l’élève d’Olivier Jullien œuvre lui aussi au sein des Terrasses du Larzac. Il a d’ailleurs joué un rôle prépondérant dans la reconnaissance, en 2014, de cette appellation. En outre, Les Combariolles 2017, issu du terroir éponyme, éblouit et déploie une magnifique qualité de tannins, dense mais extrêmement fine. Au rayon des pépites, impossible de faire fi du Clos Maïa signé Géraldine Laval, ou de l’unique Baptiste Lalfert, sur les terroirs frais de La Boissière. Son Clos Lalfert 2016 déploie une trame fruitée et épicée de premier ordre.
« La biodiversité des Combariolles. Les vignes cohabitent avec des oliviers.
Des arbousiers. Des amandiers. Des chênes. Des ronces. » -Vincent Goumard-
LES BELLES PROMESSES
En dernier lieu, le Languedoc regorge de nouveaux talents pleins de promesses. Leur approche traduit, entre autres, une volonté d’élaborer des vins d’excellence dans le respect du végétal. Dans le respect pour l’héritage reçu des anciens, aussi. De surcroît, un désir de partager le fruit de leur travail avec humilité et bienveillance. Frédéric Palacios fait sans conteste partie de ceux-là. C’est un enfant de La Malepère, l’appellation languedocienne la plus occidentale du vignoble. De fait, c’est un vigneron fidèle aux valeurs de transmission et d’apprentissage. Il pratique Au Mas de mon Père une agriculture biologique de grande qualité. En outre, Il produit sur ses terres natales des vins pleins d’authenticité. Comme ce très séduisant C Comme Ça 2016, issu de vignes de carignan centenaires aujourd’hui disparues. Ce patrimoine, Alix Roque en a elle aussi hérité au Domaine de Clovallon. De ces quelques hectares repris par sa mère en 1985, la jeune vigneronne met en scène une multitude de cépages anciens, dont des vignes pré-phylloxériques de 200 ans, à l’intérieur de la cuvée Les Indigènes par exemple. Enfin, comment ne pas évoquer les progrès de l’appellation Cabardès, brillamment représentée par Guilhem Barré. Son Natural Mystic 2018 est à l’image du vigneron. Gourmand et réjouissant !
« J’ai vraiment appris le métier sur le tas » – Guilhem Barré –
KL