Si le Rhône jouit d’une telle aura auprès des passionnés du monde entier, c’est avant tout parce qu’il offre une palette de terroirs et d’expressions de vins uniques. Aussi, entre les schistes blonds et bruns de l’appellation la plus au nord – Côte-Rôtie – et les sables sur safres de la plus au sud – Luberon -, il existe une multitude d’univers viticoles. De cépages. La syrah du côté du rhône septentrionnal et le grenache côté méridionnal. Une diversité portée par de jeunes pousses en devenir ou par des vignerons dont le travail réalisé depuis plusieurs décennies fait aujourd’hui figure de modèle. C’est ainsi que s’épanouit le vaste vignoble du Rhône. Un univers où s’illustrent à la fois les grands classiques, les incontournables, ainsi qu’une jeune garde éclatante. Avec toujours ce goût de l’excellence en partage.
LES GRANDS CLASSIQUES
La vallée du Rhône possède cette image de noblesse. De classe. En premier lieu parce que son histoire est le fruit d’un long passé viticole. D’une tradition d’excellence, aussi. À l’instar de la Bourgogne. Aussi, le vignoble compte plusieurs grands classiques, du nord au sud, et dont les flacons représentent aujourd’hui des modèles. Comment ne pas citer ainsi le célèbre château Rayas, à Châteauneuf-du-Pape. Où l’alchimie des vins d’Emmanuel Reynaud, quatrième génération au domaine, fascine. Empreint d’un classicisme tout aussi serein bien que plus discret, le Mas Saint Louis produit également des Châteauneuf-du-Pape dont la délicatesse enchante, comme ce superbe “Les Arpents des Contrebandiers” 2016. En outre, les vins issus de la vallée du Rhône nord ne sont pas en reste. Ainsi, la famille Sorrel réalise un travail d’envergure depuis des décennies sur la colline de l’Hermitage. Les flacons aujourd’hui élaborés par Guillaume, qui a pris la suite de son père Marc il y a deux ans, figurent parmi les plus réputés de l’appellation. Aux côtés des vins produits par l’iconique Jean-Louis Chave. Tandis que de l’autre côté du fleuve, ce sont deux vignerons passionnés et exigeants qui qui inspirent bien au-delà des frontières de l’appellation Saint-Joseph. Les célèbres Frères Gonon.
« Sommes très peu à avoir la chance de vinifier de l’hermitage. Seulement 15 vignerons sur 137 hectares. » – Guillaume et Marc Sorrel –
LES INCONTOURNABLES
Moins connus du grand public que les grands noms rhodaniens cités ci-dessus, certains vignerons sont cependant devenus incontournables. Ils sont notamment reconnus pour la qualité et la régularité de leur travail. En outre, ils se distinguent par une approche plus libre, plus contemporaine parfois. À ce titre, impossible de ne pas évoquer le charme des vins élaborés par Guillaume Gros. Ce vigneron singulier, ancien sommelier, signe des flacons uniques au cœur du Luberon depuis 2001. Lui aussi venu du monde de la gastronomie, l’ancien chef étoilé Jérôme Gradassi signe des vins de Châteauneuf-du-Pape pleins de fraîcheur et de distinction, loin des codes. Il creuse ainsi un tout autre sillon sur ces terres de grande tradition. Suit son instinct. Laisse le vin dicter le rythme. Guillaume Gilles, lui, est l’image d’une autre forme d’héritage. Ancien apprenti du très reconnu Robert Michel, ce vigneron reconnu poursuit son œuvre avec sa propre sensibilité. Avec humilité, aussi. Sur les terrasses cornassiennes, cet amoureux de terroirs conduit ses vignes avec rigueur et précision. Le résultat est magnifique, en témoigne son Cornas 2015. Enfin, si la Côte-Rôtie jouit d’une réputation grandissante, la qualité du travail de certains domaines n’y est pas étrangère. Comme au Domaine Garon, où l’on élabore des vins de race, expressifs et sincères en famille. Pour le bonheur de tous les amoureux de grands flacons rhodaniens.
« Si tu veux faire quelque chose de ta vie, il faut être paysan. Il faut être en osmose avec la nature. On ne peut pas faire les mêmes vins tous les ans. » -Guillaume Gros-
LA JEUNE GARDE
Impossible, enfin, de ne pas faire état du dynamisme incroyable qui règne sur tout le vignoble rhodanien. Ainsi, à l’image de nombreuses régions viticoles françaises, de jeunes vigneronnes et vignerons font le choix de s’installer. De pratiquer une viticulture haut de gamme, souvent en bio, afin de tirer le meilleur des terroirs. Parfois loin des conventions. Le Rhône méridional voit ainsi briller plusieurs étoiles montantes, comme l’ancienne sommelière Laura Aillaud. Sur les sols de sables sur safre de La Tour d’Aigues, la jeune luberonnaise éblouit depuis ses débuts en 2017. Ses vins sont dotés d’un caractère fruité et soyeux singulier. Fraîchement installé à Tavel après 7 ans passés auprès d’Éric Pfifferling, Romain Le Bars rayonne tout autant. Il réussit ainsi le pari d’élaborer des vins pleins de fraîcheur dans une région où cela relève désormais de la prouesse. En outre, les vignerons du Rhône septentrional ne sont pas en reste. Notamment sur l’appellation Saint-Joseph. Ainsi, Bastien Jolivet fait parler de lui depuis sa prise en main du domaine familial. Il convertit l’exploitation en bio, et délivre des flacons pleins d’équilibre et de promesses. Aussi, à l’instar de ce dernier, Sylvain Gauthier élabore également des vins de haut-vol depuis son installation à Cheminas en 2013. Ses Saint-Joseph possèdent ainsi ce caractère frais, épicé et profond que l’on aime retrouver dans les grands vins du Rhône.
« J’ai fait le choix de ne planter que de la roussanne en blanc. Cela donne des vins avec de la tension et de la fraîcheur. » – Sylvain Gauthier –
KL