Accueil»Blog»VITIFORESTERIE. LES ENJEUX, LES PROMESSES !
Vitiforesterie

VITIFORESTERIE. LES ENJEUX, LES PROMESSES !

Changements climatiques, évolutions de la consommation, place de l’écologie. L’agriculture moderne est soumise à des défis importants à l’aube de ce premier quart de 21ème siècle. La viticulture, au travers de vignerons du monde entier, n’a pas attendu ce jour pour s’emparer de ces questions cruciales pour son avenir. Prolongement naturel d’une agriculture biologique ambitieuse, le sujet de l’agroforesterie compte bien parmi les grandes pistes de réflexion. Aussi, en s’appuyant sur le savoir-faire des agronomes, les connaissances des biologistes ou leur expérimentation sur le terrain, c’est tout un monde de vignerons artisans qui se penche sur les conditions d’un modèle de vitiforesterie vertueux et engagé. Avec, au programme, de nombreux enjeux. Et beaucoup de promesses !

LA VITIFORESTERIE, QU’EST-CE QUE C’EST ?

Pratique agricole en forte croissance au sein du vignoble hexagonal, la vitiforesterie consiste en une association réfléchie entre arbres et vignes. Sur une même parcelle, l’idée est donc de créer différents espaces, en fonction des besoins, s’inspirant des systèmes naturels. L’objectif ? Favoriser la diversité des espèces végétales ou animales afin de renforcer l’écosystème d’une parcelle. En outre, favoriser une plus grande biodiversité, réguler le microclimat et réduire l’utilisation d’engrais ou de produits de lutte contre les maladies.

Concrètement, la vitiforesterie peut se traduire de différentes manières. Mais elle s’axe autour de la polyculture, délaissée ces dernières décennies au profit de cultures spécialisées. Par des systèmes agroforestiers complexes d’une part, comprenant différents types de végétations. Ainsi, on développe différentes strates de fruitiers, d’arbustes, de cultures vivrières et de couverts végétaux, chacun choisit selon les bénéfices potentiels espérés. Il peut également s’agir de combiner à cela un ou plusieurs élevages. Ou plus simplement de laisser pousser au maximum ce qui semble vouloir se développer naturellement dans son vignoble.

“La vitiforesterie, c’est le renouveau de pratiques très anciennes !” Paul Meunier

LES RAISONS DE L’ADOPTER.

Pourquoi les vignerons s’emparent progressivement de la question de la vitiforesterie ? Parce que face aux nombreux défis qu’impose le changement climatique, les améliorations potentielles sont importantes et durables. Et si la mise en place est loin de paraître aisée pour beaucoup, les raisons d’adopter certains principes d’agroforesterie sont là. Outre la capacité singulière des arbres à capturer et stocker le carbone, les bénéfices d’une agroforesterie de la vigne et d’un retour à plus de polyculture ne souffrent que de très peu de débats.
En premier lieu, l’amélioration de la biodiversité. Les systèmes de vitiforesterie offrent une grande variété d’habitats pour les oiseaux, les insectes. Un atout de taille pour lutter contre les ravageurs en tous genres. Le rôle des systèmes racinaires des arbres aident à lutter contre l’érosion des sols en plus de progressivement les nourrir, les re-complexifier et les fertiliser. Un enjeu majeur après cinquante ans d’appauvrissement généralisé des sols. Aussi, la présence d’arbres et de haies a un impact direct sur le microclimat du vignoble, autant qu’elle protège la parcelle des excès de soleil ou de vents. Enfin, l’agroforesterie favorise la production d’une grande variété de produits au sein d’un même lieu. Fruits, noix, herbes aromatiques et autres bois de chauffage en perspective !

“Pour trouver un schéma modèle, on s’est représenté la parcelle comme un corps.”Michel Théron

Sandrine Farrugia - Sud-Ouest - Côte du Marmandais

“Tous ces échanges et les questionnements de nos pratiques, c’est sain et éclairant !”Sandrine Farrugia

VITIFORESTERIE, UN MODÈLE À INVENTER.

Une fois les grands principes vitiforestiers approuvés, il reste la tâche complexe de leur mise en place progressive au sein du vignoble. Outre le fait qu’elle demande plus de travail et de main d’œuvre, l’agroforesterie appliquée à la vigne bouleverse nettement les habitudes prises depuis longtemps. Il s’agit de revenir à des usages parfois jugées anachroniques. Il est également question de faire naître une pratique relativement émergente et qui n’offre pas encore beaucoup d’exemples de réalisations concrètes. Aussi, le besoin de modéliser un schéma d’agroforesterie appliquée à la vigne est là. Quelques figures, à l’instar du spécialiste en agroforesterie Alain Canet, tentent d’y répondre. Comme lors de ce séminaire paysan convoqué amicalement par Sandrine Farrugia et Élian Da Ros il y a quelques semaines. Une rencontre entre agronomes, biologistes et vignerons amis, dont les premières éditions avaient déjà fait leurs preuves. Et le plein d’énergie collective. C’est aussi l’occasion d’apprendre, d’appréhender et d’échanger sur la vitiforesterie. Et sur la viticulture d’excellence de demain. Il en ressort divers modèles, que chacun choisira d’appliquer selon ses propres sensations, son expérience et les typicités de son terroir et de son vignoble. Le potentiel est là, à mi-chemin entre l’innovation et la tradition, à l’image du vignoble contemporain !

KL

×