Les 5 et 6 février derniers se tenait dans l’antre des caves Ackerman l’un des salons les plus attendus de l’année. “La Dive”. De son nom complet La Dive Bouteille, référence à l’expression utilisée dans un livre de Rabelais du XVIème siècle, ce rendez-vous vinique unique représente pour de nombreux amoureux et professionnels du vin un rendez-vous incontournable. Et pour cause, il réunit depuis 23 ans la fine fleur du vin naturel. Aussi, il honore le travail de vignerons artisans venus de tous horizons, des terres ligériennes voisines jusqu’aux confins de l’Île de Beauté, du Sud-Ouest et de l’Alsace. Découvrez l’histoire et les coulisses de ce salon historique.
AUX ORIGINES DE LA DIVE BOUTEILLE
1999. À l’initiative de la célèbre Catherine Breton, une vingtaine de vignerons ligériens sont chacun chargés d’inviter un copain “hors la Loi-re” à leur stand au sein de la Cave de La Dive Bouteille à Bourgueil. À l’issue de ce “off” dédié aux vins natures et pensé comme une alternative amicale et humaine au très sérieux Salon des Vins de Loire de l’époque, 80 entrées comptabilisées en deux jours et un savoureux mélange de rencontres et de ripailles entre vignerons. Depuis, l’organisation n’a cessé d’évoluer, sous la houlette de Sylvie Augereau et de ses équipes. Le nombre de vignerons qui exposent à La Dive est désormais de plus de 200. La fréquentation a, elle aussi, énormément augmenté. Les lieux de rassemblement se sont succédés. L’esprit, lui, est resté. Qu’il se soit tenu dans la pénombre du Château de Brézé ou dans la majesté troglodyte des Caves Ackerman, avec même un exil normand d’un an, le salon a toujours su conserver l’essence de sa naissance. Cette volonté des vignerons de se rassembler sous la chaleureuse coupe de la tradition ligérienne. De mettre en lumière une autre façon de faire du vin. D’en parler et de le partager avec les professionnels venus du monde entier qui accourent de plus en plus nombreux. Enfin, de promouvoir la qualité et d’accompagner l’essor du vin naturel.
“Ce que j’aime toujours autant à La Dive, c’est cet esprit convivial !” Une habituée
JOUR 1
10H00. Le soleil innonde déjà la rue Léopold Palustre. Les premiers professionnels forment une sorte de cortège joyeux auquel se mêle les vignerons encore occupés à acheminer les cartons de vins qu’ils feront goûter pendant ces deux jours de salon. Verre et crachoir à la main, nous entamons ce parcours du combattant miné par les multiples accolades et les discussions viniques sans fin. Le cadre est à la fois majestueux, sombre et froid. Creusées dans la roche typique d’ici, le tuffeau, les Caves Ackerman en imposent toujours, même après des années de pratique. Un salut amical au facétieux dessinateur Michel Tolmer. Dépassé les premiers tonneaux dédiés aux spiritueux et cap vers un premier espace où se nichent une majorité de vignerons italiens et espagnols. Notamment Arianna Occhipinti, qui élabore, au sud de la Sicile, des Frappato qui se distinguent par leur élégance. Au fil des premières dégustations, les travées de La Dive prennent rapidement de l’épaisseur. Alors que les accès aux tonneux des vignerons se font moins simples, le plaisir reste intact. Ainsi, la journée s’écoule dans une temporalité bien à elle. Un espace-temps rythmé par les retrouvailles avec la famille Arena ou l’alsacien Lucas Rieffel. Le bonheur de redécouvrir les Saint Chinian de l’excellent Thierry Navarre. Les derniers millésimes de Laura Aillaud dans le Lubéron ou de Romain Le Bars à Tavel.
“Ma première Dive en tant que vigneronne ? Je m’en rappelle comme si cétait hier !” Laura Aillaud
“La Dive, c’est comme une famille, on aime se retrouver chaque année !” Sophie Ilbert
JOUR 2
Ce matin, à l’heure de regagner les Caves Ackerman, ce n’est pas le charme troglodyte du lieu qui frappe en premier. Et pour cause, certaines mines croisées la veille paraissent aujourd’hui sous un jour qui aurait vu la soirée de la veille laisser quelques stigmates. Preuve que l’esprit de ripaille a bel et bien perduré au fil des éditions de La Dive Bouteille ! Car la fête s’invite partout à Saumur comme aux alentours durant les deux jours de Dive, qu’elle se déroule sous le tivoli de la Cave des Tonnelles ou sur la place Saint-Pierre. C‘est dans cette ambiance que nous arpentons les couloirs de pierre à la recherche des amis vignerons du Sud-Ouest. Le tandem Sandrine Farrugia–Élian Da Ros en tête. Mais aussi Sophie et Julien Ilbert du Domaine Combel-La-Serre. Enfin, impossible de ne pas évoquer la Loire, dignement représentée par Pauline Foucault et Sylvain Dittière, Alex et Éric Dubois ou Frédéric Sigonneau. Mais aussi la partie dédiée aux vignerons du Beaujolais, où nous avions notamment passé un grand moment avec l’une des figures des vins naturels, Jean-Claude Chanudet. Un de ces nombreux souvenirs liés à ce salon déjà historique, qu’on ne se lasse pas d’arpenter millésime après millésime.
KL